Les Vacances

Est-ce que tu viens pour les vacances ?

Sous ces titres empruntés à la chanson populaire, la rétrospective du 48e festival international du court métrage de Clermont-Ferrand invite à un double mouvement : partir et se souvenir. Comme dans un refrain estival, elle évoque le désir d’évasion et la mélancolie du retour, les paysages rêvés et les mirages du farniente. À travers ces deux promesses – celle du voyage et celle des vacances – le festival explore les représentations multiples d’un temps suspendu entre fuite du quotidien, quête de soi, absurdité des rites collectifs et confrontation à l’Autre.

Dans l’imaginaire, les vacances évoquent à la fois l’évasion et l’attente, la liberté et la contrainte, la promesse d’un ailleurs idéalisé et parfois la réapparition de tensions personnelles ou sociales. C’est justement dans cette zone de contraste que le format court excelle, saisissant en quelques minutes les failles, les surprises et les éclats de vérité de ces instants transitoires. Comme dans le film Lila de Broadcast Club qui propose une relecture douce-amère des vacances à travers le prisme de la nostalgie adolescente et de la parenthèse amoureuse. Le film capte avec justesse l’intensité fugace des rencontres estivales, ces instants où le quotidien semble mis entre parenthèses. Le décor balnéaire et les lumières de fin d’après-midi évoquent un été réel et fantasmé, où le désir, la timidité, et la peur de la fin se mêlent. Ici, les vacances ne sont pas tant un espace de repos qu’un terrain d’initiation émotionnelle, où l’expérience se grave profondément sans forcément durer. Le court métrage rend palpable cette idée : les vacances comme éveil des sens, mais aussi comme fin programmée.

La rétrospective rassemble une vingtaine de films, mêlant fictions, documentaires et animations issues de différentes époques et nationalités. Des œuvres légères, drôles ou contemplatives y côtoient des récits plus sombres, où les vacances deviennent le théâtre d’un huis clos, d’une rupture, d’un passage initiatique.

Les films proposés interrogent également la notion même de vacances : pour qui ? à quel prix ? avec quelles attentes ? À travers des récits minimalistes ou audacieux, les réalisateurs et réalisatrices dressent un panorama inattendu de ce que signifie « faire une pause », que ce soit au bord de la mer, dans un mobil-home, sur un balcon de banlieue ou au fond de soi-même.

En résonance avec les pratiques culturelles et les enjeux sociaux contemporains, cette rétrospective s’inscrit dans une démarche à la fois cinéphile et populaire. Elle parle à toutes les générations, et propose une lecture à plusieurs niveaux d’un thème universel, mais jamais neutre.

Comme toujours à Clermont-Ferrand, le court métrage joue ici son rôle de révélateur, de miroir grossissant de nos habitudes, de nos désirs et de nos contradictions. Le cinéma des vacances n’est donc pas seulement un programme estival : c’est une manière de réinterroger, en images, notre besoin de respiration collective.

Et puisqu’il est aussi question de liberté, rappelons les mots de Jean-Paul Belmondo dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard :
« Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville… allez vous faire foutre ! »